Ce ne sont pas des vacances !
Nous ne sommes pas en vacances : nous récupérons, nous décompressons, nous préparons !
Lorsque je suis arrivé chez mon employeur actuel, ma Directrice de l'époque (qui vient de prendre sa retraire, bonne retraite, Madame la Directrice) avait joué cartes sur table quant à notre temps de travail : pour chaque période de cours en présence des élèves, nous avons une heure administrative en plus, comprenant la préparation des cours, les corrections, mais également les surveillances, les réseaux, les conférences, la formation continue… Ainsi, avec un temps plein, nous travaillons 49 heures par semaine. Soit bien plus que les autres fonctionnaires. Nos "14 semaines" hors de la présence des élèves ne sont donc pas entièrement des vacances, mais la récupération des heures de travail supplémentaires.
Comprendre, apprendre, expérimenter
Des vacances, c'est toujours agréable et beaucoup apprécient d'en prendre et ne diraient pas non à en avoir plus. D'ailleurs, c'est souvent sur nos "semaines de vacances" bien plus nombreuses que le reste de la population active que la plupart de notre entourage nous chambre. Jamais sur la quantité de travail, sur les 1500 décisions quotidiennes que nous prenons, ou encore sur la multiplicité des tâches que nous accomplissons chaque jour, en étant souvent au four (dans la classe) et au moulin (occupés à administrer le bon fonctionnement de tout ce petit monde).
Pourtant, même si nous avons la possibilité de partir, d'explorer, de prendre du bon temps, d'autres nécessités se rappellent bien vite à nous. Mais nos vacances ne seraient-elles pas un peu différentes de celles du reste du monde ?
Il m'a fallu de temps pour comprendre et m'adapter aux différentes saisons de vie personnelle, mais aussi à l'évolution de celles qui vivent avec moi. De mes vingt-cinq ans à travailler presque toutes les vacances jusqu'à Pâques, à ma cinquantaine tout juste avec 3 enfants hors des couches, il y en a eu des étapes, des essais et des apprentissages pour apprendre comment passer de bonnes vacances et repartir d'un bon pied. J'en ai déjà parlé dans ce blog.
Même si toutes les vacances ne se ressemblent pas, qu'elles ne sont pas toutes dépaysantes, que des ajustements continuels sont effectués entre mes besoins, ceux de Madame et ceux des filles, je commence à voir des principes qui se dégagent et qui, même s'ils n'entraînent pas une planification très structurée, permettent au moins de comprendre ce qui m'arrive.
Se reposer
Travailler plus, tout en gérant une famille, un foyer, des activités de loisirs et parfois même un investissement dans des associations, cela prend du temps et de l'énergie. Quand le travail “déborde”, il n'est pas anormal que nous soyons épuisés à la fin d'une période scolaire.
Les vacances ne sont pas un plaisir, elles sont une nécessité !
Même si je fais attention d'avoir mes 8 heures de sommeil en moyenne hebdomadaire par nuit - c'est mon côté hypersensible qui se manifeste - j'arrive quand même épuisé à la fin d'une période de 6 à 10 semaines. Ce n'est pas un plaisir d'arriver aux vacances, c'est une nécessité !
Cette dernière période a été courte, mais a vu arriver nombre d'activités chronophages et énergivores : les bilans de fin de semestre et les traditionnels rendez-vous de parents, une semaine de camp de ski sans ski et les semaines blocs des stagiaires, dont une recrue inattendue. Ce ne sont que de bonnes choses, mais même les bonnes choses peuvent épuiser.
Décompresser
Depuis hier, je commence à lâcher la pression. Nous avons fait le choix de partir au chalet dès la fin de l'école et, même si nous avons partagé la route avec une foule d'autres personnes qui avaient eu la même idée, se réveiller le matin à la montagne, avec l'air frais, un feu qui ne tardera pas à crépiter et le soleil qui fait son apparition en même temps que le - deuxième - café, quel plaisir !
Nous ne faisons pas de l’enseignement, nous sommes enseignants.
Nous n'exerçons pas seulement le métier d'enseignant, nous sommes enseignants. Commencer les vacances, c'est d'abord sortir de la classe et laisser la classe sortir de nous. C'est nous concentrer sur autre chose, faire autre chose, penser à autre chose. J'ai souvent remarqué que le fait de partir toute de suite et de plonger dans un autre monde physique - le chalet plutôt que mon appartement et mon bureau qui m'appelle toujours à bras grands ouverts - ou dans d'autres activités accaparantes (un week-end de famille, un camp ou une mission photographique) me permet de déconnecter et d'ensuite profiter de belles vacances, dont le travail et mes élèves bien-aimés ne restent qu'un vague souvenir quelque part dans ma mémoire. Au point que, parfois, après 2 semaines de congé, je ne me souviens plus de tous leurs prénoms, mais ça, c'est un autre problème !
Rattraper le temps
Depuis quelques années, ma femme - aussi enseignante - et moi, nous avons pris l'habitude de ne plus nous stresser de toutes ces petites choses que nous arrivons difficilement faire durant nos semaines de travail : nettoyer les vitres, la voiture, aller à la déchèterie, faire du tri dans les vêtements des filles... et tant de petites autres choses du quotidien. Nous les gardons pour les vacances. Ce n'est pas nouveau : je l'écrivais déjà il y a 19 ans !
Et puis, il faudra aussi préparer le retour au travail. Si on peut commencer sa journée de fonctionnaire en ouvrant son ordinateur et en gérant les dizaines - que dis-je, les centaines - de mails reçus pendant une semaine ou plus d'absence, nous pouvons difficilement accueillir nos élèves en débarquant en classe tout juste arrivés d'une semaine de 9 jours de ski ou de bronzage sur une île paradisiaque. La classe, ça se prépare et les vacances sont aussi là pour ça. D'autant plus que les grandes séquences et les projets divers peuvent difficilement voir le jour seulement durant les semaines de travail ordinaire.
Au vu de tout cela, est-ce que nous avons vraiment autant de vacances qu'on aime à nous le faire remarquer ? S'agit-il vraiment de vacances, à savoir de temps déconnectés presque de toute réalité à faire ce que l'on veut, où on le veut, comme on le veut ?
Prenons soin de nous et profitons de nos relâches, semaines blanches ou vacances au ski, nous l'avons bien mérité ! Et revenons en pleine forme et en pleine possession de nos moyens pour faire ce que nous aimons : ENSEIGNER !
Personnellement, après un week-end en famille, je passe deux jours au chalet à avancer dans mes dossiers dans un cadre serein, agréable, loin des distractions et propice à la concentration, avant de retrouver avec beaucoup de plaisir toute ma famille pour terminer la semaine.
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