Petits et grands plaisirs 2024 (1) : les réussites pédagogiques
Revenir sur ses réussites, sur les moments où l'on a vraiment senti que cela marchait, que notre action était bénéfique, et le noter comme un souvenir joyeux.
Dans ce billet, je vous proposais de faire son bilan bienveillant concernant l’année écoulée. Dans ces derniers jours de l'année, je fais l'exercice pour moi, recherchant les petits et plus grands plaisirs pédagogiques de ces 12 mois écoulés
Je savais que cela ferait remonter bien des souvenirs oubliés, mais je n’avais pas imaginé que l’article serait si long. Je le découpe donc en plusieurs billets… je ne veux pas abuser de votre attention ! Vous aurez ainsi un billet de petits plaisirs pendant 3 jours.
Alors installez-vous confortablement, prenez un chocolat chaud, un café si l’heure n’est pas trop avancée ou pourquoi pas un petit verre - on est en période de fêtes, n’est-ce pas ! - et plongez-vous dans le récit de mes petits bonheurs, qui ne sont ni meilleurs ni plus extraordinaires que les vôtres. Juste différents. Un peu. Beaucoup
ℹ️ Tous les élèves mentionnés dans ce billet ont vraiment existé. Pour plus de confidentialité, les prénoms ont été remplacés... Les élèves sont cependant encore très présents dans la mémoire de l'auteur 🙂.
Un pari pédagogique qui réussi
Parfois, on se donne beaucoup de peine pour peu de résultats. D’autres fois, on prend des risques pédagogiques et les résultats ne se font pas attendre. Il y a deux ans, j’ai choisi de recourir à l’outil informatique pour l’apprentissage technique de la structuration du français (règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison,…). Je perdais la main (le contrôle) sur les apprentissages puisque je ne pouvais pas mesurer de séance en séance ce qui était appris, maîtrisé,… même si l’ordinateur me faisait un retour complet sur les réussites des élèves. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque Lenny, allophone, s’est largement détaché du groupe par son avance et la qualité de ses résultats. Dans mon incrédulité, j’ai même mis en place des tests papier pour valider les résultats de l'ordinateur. Cela n'a fait que confirmer son avance !
Ma ruche
Depuis le temps des plans de travail hebdomadaires, que d’eau est passée sous les ponts. Personnellement, l’usage des ceintures de compétences est bien plus pertinent dans l’implication des élèves. Mais le parcours est toujours le même : former les élèves aux différentes institutionnalisations (pour reprendre l’appellation de Célestin Freinet, mais on pourrait simplement dire habitudes de travail), encourager, rappeler les principes et le fonctionnement, encourager ceux qui ont de la peine à se lancer, ou qui échouent, leur donner des outils, répéter, une fois, deux fois, dix fois… et finalement, pendant un temps plus ou moins long, voir que la ruche tourne... Pendant des années, je me suis culpabilisé d'avoir des temps de repos en 6P... jusqu'à ce que je me souvienne de tous les efforts déployés pendant 18 mois pour que cet état de grâce ait lieu !
Je suis fier de les voir apprendre, chacun à leur niveau, chacun à leur manière, de les voir progresser à leur rythme et au final, d’avoir bien du plaisir dans ces tâches. Ce n’est pas pour rien que très souvent, le temps de travail en ruche est le plus beau souvenir de la semaine de mes élèves.
Un nouveau cahier d’écriture… soutenu par les collègues
Quelques semaines avant la fin de l’année, une maman m’avait reproché que le cahier d’écriture proposé à sa fille n’était pas très intéressant. Elle avait raison. J’ai donc mis une petite case dans ma tête - peut-être même sur ma liste des choses à faire - indiquant de créer un nouveau cahier d’écriture avec des textes intéressants à calligraphier. Le mot est un peu fort, mais c’est le seul endroit où j’exige que le modèle et les lignes soient respectés. Pour l’apprentissage. Pour l’habitude. J’ai donc intégré ce travail dans mes semaines de rentrée et puisque l’on est plus intelligents à plusieurs, j’ai proposé une première version sur les réseaux sociaux. Je ne sais pas si c’est parce que les enseignants travaillent toujours pendant leurs vacances, qu’ils sont accros aux réseaux sociaux ou qu’ils désirent souvent aider mais j’ai reçu beaucoup d’encouragements et plusieurs pistes d’amélioration dans les heures qui ont suivi ma publication. Obtenir des retours directs et ciblés me donne beaucoup de satisfaction. Je n’ai donc pas hésité à proposer la même démarche pour mon cahier de conjugaison complété.
Battre le fer pendant qu’il est chaud
… même si cela prend la moitié de la journée.
Lorsque j’ai lancé l’utilisation du parcours de relecture d’un écrit pour mes élèves, j’ai vu assez rapidement que, si les mots étaient connus, l’application de ceux-ci dans la réalité était compliquée. Les élèves savaient ce qu’étaient les majuscules, les pluriels, le verbe et le sujet, mais les reconnaître en situation était vraiment complexe. Et c’est tout à fait normal puisqu’au niveau taxonomique, on est plutôt dans l’analyse que dans l’application. Alors, dès qu'ils sont revenus de la pause de midi, plutôt que de passer à autre chose puisque le temps dévolu à cette tâche était déjà passé, j'en ai rajouté une couche ! J'ai proposé aux élèves qui le désiraient de me donner leur cahier et nous avons relu leurs phrases ensemble, en appliquant le parcours et en nous posant chacune des questions prévues. Nul doute que pour beaucoup, le déclic aura été salvateur. Depuis, seuls quelques élèves n'ont pas encore acquis les réflexes que j'aimerais qu'ils adoptent dans le domaine. Je ne m'en inquiète pas trop : en répétant cette activité plusieurs fois par semaine et en leur donnant des rétroactions rapides et spécifiques, tous auront atteint l'objectif dans les semaines qui viennent.
Quand les élèves me reprennent
… en utilisant exactement les éléments que je leur ai appris quelques jours plus tôt. En ce début d’année, j’ai voulu marquer la différence entre les erreurs (involontaires) et les fautes (volontaires, conscientes ou non). Quelques jours plus tard, alors que je parlais des fautes de français de notre stagiaire et que je proposais aux élèves de les signaler poliment, Alenka a levé la main et m’a dit : « Monsieur, ce sont des erreurs, pas des fautes ! » Ne dit-on pas que l'on retient mieux ce que l'on enseigne ? Pour elle, c’était fait !
Et vous, quels sont vos petits ou plus grands plaisirs pédagogiques de 2024 ? N’hésitez pas à nous les partager dans les commentaires.