Garder la passion et rester en bonne santé !
La routine tue mais tout changer tout le temps n'est pas la meilleure manière de rester en vie !
Durant nos premières années d’enseignement, nous créons nos premiers cours et cela nous prend du temps le jour, la nuit et même durant les vacances !
Au fur et mesure de nos années d’expérience, nous amassons des planifications, des préparations, des idées, des documents, du matériel à n’en plus finir. Après 25 ans, je me rends compte que je peux presque enseigner n’importe quel sujet du plan d’étude en arrivant le matin, après avoir pioché dans ma banque de ressources. Pourtant, cela ne me suffit pas : il y a toujours des domaines que je veux renouveler. Pourquoi ?
Ce que nous répétons encore et encore nous ennuie. Ce qui nous ennuie ennuiera également les élèves. Et tout le monde sera perdant au final.
Se renouveler sans s’épuiser
J’ai beaucoup entendu dire - par des non enseignants - que les enseignants créaient leurs cours et qu'ensuite, ils se contentaient de les redonner encore et encore. C'est peut-être le mensonge le plus important quant à notre profession (avec celui qui fait penser que nous travaillons à mi-temps la moitié de l'année, n'est déplaise à un ancien président français !). Parce que depuis le temps que j'arpente les couloirs des collèges et fréquente les salles des maîtres, j'ai beaucoup plus entendu des enseignantes et des enseignants qui remettaient encore une fois l'ouvrage sur le métier, même à quelques années de la retraite, que celles qui se contentaient de siroter leur énième café de la journée en répétant que les cours étaient prêts depuis 20 ans !
Par essence, nous sommes des pédagogues, des didacticiens, des indicateurs, selon l’étymologie et non des animateurs. Nous aimons chercher de nouvelles manières, souvent plus pertinentes de transmettre des savoirs, de former aux compétences, d’enseigner la vie et tout ce qu’elle contient. Animer simplement les cours que nous avons créés il y a plusieurs années ne nous suffit pas. C’est ce qui fait notre richesse, c’est ce qui anime notre passion, c’est ce qui nous pousse vers l’épuisement également, parfois, parce que nous voulons tout changer et refaire à neuf en même temps !
J’ai attendu des années pour mettre en place les ceintures de compétences dans ma classe. Parce que je n’étais pas prêt mentalement et nerveusement à gérer cette manière de travailler. Mais aussi parce que je savais que mettre cela en place demanderait un travail important et donc la mise en pause d’un certain nombre d’autres renouvellement de pratiques pédagogiques.
Nous devons donc équilibrer le recyclage de nos anciennes pratiques et le renouvellement de celles-ci. Toujours faire la même chose éteint le feu, toujours tout renouveler nous brîle les ailes ! C’est là qu’intervient la loi de Pareto.
La loi de Pareto
Le principe, lapidaire, est simple : 20 % des causes génèrent environ 80 % des résultats. c’est-à-dire que 20 % d’efforts engendrent 80 % de résultats. Mais également qu’il faudra 4x plus d’effort pour atteindre les 100 % de résultats.
En évitant d’être perfectionniste, on perd 20 % de qualité de travail mais on économise 80 % d’énergie.
Quelques exemples :
cibler les éléments du programme qui permettront d’atteindre 80 % des objectifs.
mettre l’emphase sur 20 % des règles de grammaire et d’orthographe qui permettent de corriger 80 % des fautes habituelles. De la même manière, enseigner les 20 % de mots les plus utilisés de la langue française.
enseigner les outils qui permettront à tous les élèves de résoudre 80 % des problèmes mathématiques rencontrés
concentrer nos commentaires constructifs sur les domaines dans lesquels les élèves peuvent s’améliorer le plus
En termes de programme scolaire, cela revient à se concentrer sur les objectifs et les compétences de base qui porteront 80 % des fruits et de considérer les 20 autres pourcents comme des bonus, un peu de la même manière que l’on passe d’une note de 4 à 5 ou à 5,5 sur 6.
Bien sûr, je ne suis pas entrain d’encourager à la paresse, ou à l’abandon de 80 % du plan d’études qui est notre guide de travail mais plutôt à cibler nos efforts sur les éléments du programme qui sont le plus porteurs en termes d’apprentissages et de développement de nos élèves.
Renouveler 20 % de son enseignement
Dans la même ordre d’idée, nous pouvons cibler les 20 % de notre enseignement que nous désirons renouveler. Par exemple :
parce que nous avons découvert qu’un volet d’apprentissage supplémentaire est nécessaire
parce que nous en avons marre de faire toujours la même chose,
parce que nous désirons mieux coller avec les diversité des élèves que nous avons dans la volée actuelle
parce que le niveau de réussite des élèves n’est pas celui que nous attendons,
parce que nous avons trouvé une belle idée dans notre veille pédagogique (ou lors d’une discussion en salle des maîtres),
parce qu’un nouveau moyen d’enseignement est sorti et nous est imposé
parce que nous désirons l’aborder sous un nouveau point de vue
parce que nous désirons y inclure de nouvelles compétences : éducation numérique, travail de groupe, mise en projet,…
parce qu’un décloisonnement, une occasion spéciale ou encore un projet de collège se met en place et nous permet de faire quelque chose de différent
parce que nous avons suivi une formation sur le thème et que nous avons appris plein de nouvelles choses que nous nous réjouissons de tester*
et parfois aussi, parce que le programme d’enseignement change - encore une fois ! - et nous oblige à enseigner des éléments sous un nouveau point de vue.
Mais quelle que soit la raison, nous ne devrions pas renouveler plus de 20 % de notre enseignement chaque année. Bien sûr, je serais bien emprunté de calculer quel est le pourcentage de mon enseignement que j’ai renouvelé en créant une classe plus coopérative et en instaurant les ceintures de compétences avec ma dernière volée, mais vous avez compris le message : ne changez pas tout en même temps !
Se former
Un des moyens particulièrement efficace de renouveler son enseignement est de se former, dans un domaine disciplinaire spécifique, ou concernant une technique de gestion de classe ou encore une manière d’enseigner. Par formation, je n’entends par forcément acquérir un diplôme complémentaire dans un CAS, un MAS ou encore un DAS (ou je ne sais quel autre terme technique dans d’autres contrées) mais se former en lisant, en suivant des vidéos, en participant à des formations continues plus ou moins importantes. Peut-être qu’avant de remettre sur le métier un pan de votre enseignement concernant un domaine dans lequel les élèves ont particulièrement de la peine, complémenter sa formation peut être un bon point de départ.
Durant ces prochains mois, je suivrai 4 jours de formation donnés Guillaume Bousquet concernant l’apport des neurosciences sur l’enseignement de la grammaire et de l’orthographe à l’école primaire (mais c’est également valable pour les autres niveaux). Si je considère que j’ai déjà passablement implémenté ces domaines, il me semble qu’il me manque quelques outils fondamentaux et transversaux pour cet enseignement et ce que je viens chercher dans cette formation. Il faut dire que les quelques éléments reçus au cours du printemps 2024 m’ont mis en appétit. J’en avais parlé dans ce billet.
Vous trouverez toutes les informations nécessaires ci-dessous :
Attention : nouvelles dates ! Formation en distanciel uniquement.
1er février
15 mars
14-15 avril
Continuons de nous faire plaisir et de faire plaisir à nos élèves : renouvelons notre enseignement, en relevant nos faiblesses, en développant nos forces, en étant nous-mêmes… et en restant vivant et en forme tout au long de l’année scolaire !