Vais-je y arriver ? (Jour 6)

Dimanche 7 août 2022

Le café chauffe doucement sur le gaz, le fraîcheur est aussi marquée qu’hier... la rentrée et les choses à faire sont bien loin de mes premières pensées en ce dimanche matin. Nous sommes tous les 5 loin de tout, sans rien au programme ou presque,... les vacances sont de retour. Comme c'est agréable.

Pourtant, demain, c'est un peu la première rentrée. Le risque de prendre un peu de recul, c'est que l'on peut parfois s’apercevoir de manière plus précise de ce qui reste à faire. Au point que la tâche peut sembler gigantesque et disproportionnée face aux jours qui restent.

Travailler par priorité

Parfois, les enseignants sont connus pour le perfectionnisme. Même si je me soigne, je me retrouve bien dans cette catégorie. Alors quand les tâches semblent irréalisables et que l’inquiétude monte, une petite réflexion sur deux axes s’impose :

• qu'est-ce qui est important ?
• qu’est-ce qui est urgent ?

Si cette décoration n’est pas terminée, ou que le règlement du conseil de classe n’est pas illustré le jour de la rentrée, personne ne va mourir, personne ne le remarquera même. Par contre, si les enseignants n’ont pas reçu leur horaire, si la classe ressemble à une scène de guerre et que je ne sais pas comment je vais accueillir mes élèves le jour J, là je vais avoir des soucis. On peut donc mettre en perspective l’importance des choses en fonction des conséquences de leur non-réalisation.

Au niveau de l’urgence, on peut créer différents horizons temporels :

• pour hier !
• à faire absolument le plus vite possible
• pour le jour de la rentrée
• pour le début de la 2e semaine
• pour plus tard… ou jamais !

On peut résumer l’important et l’urgent sous la forme la matrice d’Eisenhover et accepter que ce qui n’est ni urgent ni important ce sera peut-être jamais réalisé. Ça soulage énormément 🙂.

Cette manière de penser, puisée dans le management, nécessite quelques adaptations dans le cadre de l’enseignement :

• nous n'avons généralement pas de personnes sous nos ordres auxquelles nous pouvons déléguer... Il faudra peut-être trouver un moment pour le faire, rapidement.
• les termes pas important et pas urgent devraient peut-être laisser place à des appellations moins radicales : moins urgent et moins important... Peut-être que si ce n'est ni pas important du tout, nous avons déjà éliminé la tâche de notre liste… ou l'avons transférée dans celle de nos désirs personnels, considérant cette tâche comme un ajout de confort personnel plutôt que comme une tâche professionnelle nécessaire. Vous voyez de quoi je veux parler ? Ces petites fantaisies que l'on veut tellement s’offrir qu'on est prêt à passer une - très - longue soirée à la mettre en place.

J’ai pris l’habitude de préparer presque toute mon année scolaire pendant les vacances d’été, au moins dans les grandes lignes. Ça a plutôt bien fonctionné pendant des années. Et puis est venue bébé 3, en plein été… et tout est parti en vrille dans mon organisation ! Depuis... je fais comme je peux... ou j’improvise pour reprendre une expression de Raf Cramatte qui m'aide bien à détendre ma vision des choses.

L'application

Du coup, ma semaine semble nettement moins bouchée et de nouvelles perspectives se dessinent :

• il est important et urgent que je m'acquitte de mes tâches administratives pour l'établissement dès demain, en fonction de la possibilité d'interagir avec mes collègues qui, eux aussi certainement, auront un emploi du temps et une liste de choses à faire bien remplie.
• ensuite, il est important que mes planifications annuelles soient posées dans les grandes lignes, mais pas forcément décomposées jusque dans les numéros de page des manuels
• il faudra que je pose le plus précisément possible le cadre des nouveautés pédagogiques que j’ai prévu de mettre en place, afin de commencer le plus clairement possible mais si prévision rime avec révision, une fois le projet confronté aux premiers intéressés, les élèves. Important !
• finalement, il sera important de gérer au mieux la journée de jeudi avec ma collègue, entre mise en place de la classe, discussion de nos vues respectives en matière de gestion de classe et des apprentissages et, ce serait bien, de préparation de l’envoi du courrier aux parents.

C’est fou ce que ça allège, même s’il serait se fourvoyer profondément de se dire que cette semaine ressemblera à des vacances mais des éléments repoussés à leur réelle place, naît un certain nombre de plages de temps et d’énergie pour passer un peu de temps avec mon épouse et les enfants. Quelle bonne nouvelle ! 

Une image d'harmonie

Différents mais allant dans la même direction, ces troncs coopèrent pour former un arbre harmonieux.

En buvant le café avec mon épouse ce matin sur le balcon du chalet, nous regardions les vaches et les arbres. Puis mon regard s'est porté sur cet arbre, avec une « vraie forme d’arbre » au sommet mais une base particulière : elle est formée de plusieurs troncs. Pourtant, la silhouette est harmonieuse. Aucun tronc de forme le branchage en forme d'arbre à lui tout seul. Tous ont une part de ce feuillage et ce n'est qu'ensemble qu'ils forment le bel arbre. Qu'il en soit ainsi de nos classes : des élèves tous différents mais qui tous ensemble participent au merveilleux feuillage qu'est notre vie de classe.

Le week-end s’achève, la semaine va reprendre ses droits avec un rythme bien plus rapide… Quelle belle parenthèse ! C’est fou comme 48 heures peuvent tout changer et remettre à zéro bien des compteurs !