L'intelligence artificielle, un outil pour le quotidien des enseignants
Demander à l’IA de faire des choses que nous ne savons pas faire, nous proposer des solutions innovantes et créatives, lui demander de nous remplacer pour gagner du temps et de l'énergie...
L’intelligence artificielle, je l’utilise tous les jours, entre autres parce qu’elle a remplacé Google pour me donner des réponses à des questions plutôt que des liens à consulter pour trouver une réponse… Mais pas seulement ! Pourtant, il y a encore quelques tâches que je rechigne à lui soumettre…
Et vous ?
Oser l’IA
Si je suis geek, que j’ai un ordinateur sur mon bureau de classe depuis la fin des années 90 et que les nouvelles technologies ne me font pas peur, déléguer des tâches à une machine sans avoir le contrôle pas à pas n’est pas encore un réflexe… et ne le sera peut-être jamais. C’est peut-être mon côté perfectionniste - ou suisse ! - mais j’aime rester maître des processus. De la même manière que j’ai eu de la peine à passer aux plans de travail et aux ceintures de compétences, j’ai de la peine à donner un prompt à un outil en ligne pour qu’il me génère une illustration ou une présentation pour mes élèves ou mes collègues.
Par contre, interroger le système pour qu'il me donne des idées à exploiter, mettre en forme, agencer à ma guise ne me pose pas de problème. J’ai également recours assez souvent à la génération d’images - pour ce blog entre autres - quand je n’ai aucun visuel qui correspond à ce que je désire.
En résumé, je fais souvent appel à l’IA pour ce que je ne sais pas faire mais pas pour me remplacer et me faire gagner du temps.
Déléguer
Pourtant, déléguer des tâches que je sais faire mais qui me prennent du temps, c’est la suite logique. Cependant il faut oser déléguer ! De la même manière qu’on doit modifier un peu nos attentes lorsqu’on délègue une tâche à quelqu’un d’autre - même à un-e collègue expérimenté-e, l’IA ne fera pas exactement ce qu’on a dans la tête. Parfois, c’est bien parce qu’on n’a pas d’idée très précise. D’autres fois, lorsqu’on lui demande de faire une tâche qu’on a l’habitude de faire, elle risque de ne pas coller exactement à notre idée, malgré un prompt très précis.
Par exemple, depuis un an, j’utilise SketchWow pour créer les visuels de mon blog. Cela me prend du temps, généralement une heure par image. Ce matin, j’ai tenté le coup pour un article qui doit être publié dans les prochains jours. J’ai copié les éléments à illustrer, sous-titres et description. Le résultat est bluffant. En quelques secondes et pour quelques centimes, il me propose des dizaines de modèles prêts à l’usage. Même en mettant en forme le résultat selon mes habitudes, cela me prend moins de 10 minutes. Autant de temps gagné et d’énergie qui pourront être investis dans autre chose… une autre tâche ou des loisirs !
Voici quelques exemples concernant l’article de la semaine dernière à propos des routines… sans retouche. On y trouve quelques problèmes de prise en charge des accents, des illustrations standard qui ne sont pas spécifiques au contenu mais la mise en page générale est plutôt bonne et agréable.

Au-delà de mon blog, je pense déjà à toutes les illustrations rapides que je pourrai créer pour présenter visuellement les informations que mes élèves vont apprendre, travailler, étudier…
Réduire la dimension émotionnelle
Il y a quelques mois, j’ai reçu un long mail de parents auquel je devais répondre. Comme souvent, il y avait des éléments pour lesquels je pouvais leur donner raison, d’autres qui n’étaient pas corrects et certains dont l’interprétation pouvait être divergente. Répondre à un mail, c’est à la fois une tâche que je sais faire et que je ne sais pas faire. Je m’explique. J’écris des dizaines de mails chaque semaine et je n’ai pas besoin de l’IA pour le faire. Ils sont souvent informatifs ou productifs. Par contre, répondre de manière fine, polie, avoir une bonne communication quand il s’agit d’éléments relationnels, ce n’est pas mon fort. J’ai donc donné le message d’origine à Perplexity et lui ai indiqué les éléments avec lesquels j’étais d’accord, ceux que je n’acceptais pas et lui ai demandé d’écrire une réponse. Une fois encore, cette réponse était un brouillon dont je pouvais faire ce que je voulais mais la trame était là, de bien meilleure qualité et bien plus fine que je n’aurais pu l’écrire moi-même. Au final, j’ai presque réécrit tout le message mais les éléments compliqués à discerner, c'est l'IA qui me les a donnés. La réponse des parents a été positive, en ce que leurs attentes avaient été comprises même si elles n'étaient pas toutes acceptées.
Au-delà de la tâche en elle-même, je me suis rendu compte que la charge émotionnelle, à laquelle je suis très sensible, était bien allégée par la délégation à l’IA bien que le travail ait été effectué.
Lors de la transmission de documents à l’IA, il est absolument nécessaire d’anonymiser les données. Ainsi, dans le mail transmis, j’avais changé le prénom de l’enfant en question et retiré mes informations personnelles.
Faire le saut dans le vide
Comme lorsqu’on apprend à skier ou à rouler à vélo, il faut avoir quelques bases et se lancer. C’est en roulant à vélo que l’on apprend à rouler à vélo - et il paraît que ça ne se perd jamais !, c’est en enseignant qu’on apprend à enseigner, c’est en utilisant l’IA dans différents domaines que l’on apprendra à bien l’utiliser et à faire de cet outil notre compagnon plutôt que notre étrange ennemi.
De la même manière que lorsque nous déléguons une tâche, nous devons vérifier le résultat, les productions des IA devront être validées, retouchées ou parfois corrigées par nos soins. Mais bien souvent, cela nous demandera moins de temps et d’énergie que de tout créer de A à Z.
Par contre, cela demande d’autres compétences : relire et analyser au lieu de produire, mais ça, c’est une autre histoire !