Des mots-clés qui guident mon enseignement
Dans ma classe, je m'efforce de transformer mes rêves en réalité, entre autres, par des mots-clés, que j'énonce, que je développe et dont j'enseigne la réalité et les manières de les mettre en action.
Liberté
On doit enseigner les élèves, mais ils ont la liberté d'apprendre ce que nous leur soumettons ou non. Bien sûr, nous faisons tout notre possible pour qu'ils apprennent, mais nous sommes tout à fait incapables de les obliger à apprendre quoi que ce soit, malgré les éventuelles menaces et autres mesures coercitives.
Par contre, nous pouvons utiliser la liberté que nos élèves ont les inciter à se mettre en projet, par exemple au moyen de plans de travail, de choix dans la manière d'acquérir une compétence ou encore dans l'ordre des leçons d'une journée. Nous restons garants du contenu global, lié au plan d'études, mais l'élève individuellement ou la classe collectivement a une part de choix. Ils se sentent libres, ce qu'ils sont vraiment, dans un cadre défini.
L'autonomie
L'autonomie, c'est la capacité de penser et d'agir par soi-même, sans dépendre complètement des autres. C'est la capacité de se prendre en main, de se mettre en projet, de déterminer sans intervention de l'enseignant ce que l'on peut ou doit faire. Cela peut prendre place dans les plans de travail, qui sont un excellent moyen d'apprendre l'autonomie, mais aussi dans les routines quotidiennes qui peuvent être mises en place pour l'arrivée à l'école le matin, le retour de la récréation, ou encore pour un type d'activité d'apprentissage, comme les institutionnalisations dont parlaient Célestin Freinet et Fernand Oury.
Grandir, c'est devenir autonome, en sachant faire de plus en plus de choses seul et en ayant conscience de la portée de nos actes.
Responsabilité
Gagner en liberté et en autonomie serait un chèque en blanc sans la notion de responsabilité, c'est-à-dire le fait d'être redevable de ses choix. Pour apprendre bien sûr. Pour découvrir les conséquences de ceux-ci. Être responsable de ses actes est un apprentissage comme un autre, souvent fait d'essais et d'erreurs. Et il faut les faire ces erreurs. On apprend par l'erreur dans ce domaine aussi.
Parfois, je demande à un élève de ne pas faire ses devoirs au moins une fois dans la semaine ou le mois pour expérimenter ce que cela fait. Ils ont besoin de découvrir l'autre côté de la réalité. Cela leur permet d'être bien plus détendus face à l'éventualité d'un oubli en l'ayant expérimenté de manière rassurante.
Ça prend du temps, mais ça marche. Depuis plusieurs mois, les élèves qui n’ont pas fait un devoir me l’annoncent avant que j’aie besoin de vérifier qui n’a pas remis sa fiche ou son cahier. Quel bonheur pour la vie de classe. Quel bonheur aussi pour l’enseignant qui constate cette confiance toute simple et ainsi que l’autonomie et la responsabilité de ses élèves !
Pourquoi ?
« Je pense que… », « parce que… » Justifier ses prises de position, ses avis…. Cette simple question est devenue une habitude dès mes premières années d'enseignement.
Pour expliquer, mettre des mots sur son idée et expliquer d’où elle vient, quels sont les éléments réfléchis qui la soutiennent. Que ce soit pour la réponse d’un problème mathématique, pour une correction orthographique, ou même simplement lorsqu’il s’agit de donner un avis sur une question éthique ou de vivre ensemble.
Durant mes premières années d’enseignement, j’aimais pousser mes jeunes élèves (6-8 ans) dans leurs derniers retranchements, niant l’évidence et leur demandant de m’expliquer pourquoi ils avaient raison et j’avais tort. L’effet de surprise passé, nous avons eu de délicieuses discussions.
Une classe ne se construit pas à coup de mots-clés, mais telles des fondations, ceux-ci peuvent soutenir une action pédagogique cohérente et dynamique.
Et vous, quels sont vos mots-clés ou idées-forces ?
Merci à vous de tous ces éclaircissements.